Chronique d'Artzamendi suivie d'un article de presse : Bonne coexistence des loups avec les hommes au Maroc, d'après Hamid Rguibi, enseignant-chercheur en biologie de la conservation

  • Stéphan et Marie Carbonnaux
Chronique d'Artzamendi suivie d'un article de presse : Bonne coexistence des loups avec les hommes au Maroc, d'après Hamid Rguibi, enseignant-chercheur en biologie de la conservation

Voici un article fort instructif extrait d'un site remarquable consacré à l'écologie au Maroc (www.ecologie.ma), suivi d'un entretien, qui proviennent du

quotidien Le Matin.

 

 

 

 

 

Cliché historique d'un loup africain.

Source : http://www.menara.ma/fr/actualites/maroc/2012/

 

 

L'intérêt principal réside dans les informations relatives à la bonne cohabitation entre les loups et les éleveurs d'une partie de l'Atlas. Un biologiste de la conservation évoque de très faibles prédations sur les troupeaux, dans une région où les loups bénéficieraient d'une riche faune sauvage. Evidemment, il faudrait pousser les recherches bien plus loin avant de tirer des conclusions et/ou de tenter de faire des rapprochements avec la situation en France.

 

Comparez aussi le ton de cet article et celui des articles parus dans la presse tunisienne :

Chronique d'Artzamendi : Des loups (indésirables ?) en Tunisie ?

 

Stéphan Carbonnaux

 

 

"Le loup apparaît dans la région d’Azilal"

http://ecologie.ma/le-loup-apparait-dans-la-region-dazilal/?fb_action_ids=10201232842765492&fb_action_types=og.likes&fb_ref=below-post&fb_source=other_multiline&action_object_map={%2210201232842765492%22%3A238889502902664}&action_type_map={%2210201232842765492%22%3A%22og.likes%22}&action_ref_map={%2210201232842765492%22%3A%22below-post%22}  

 

 

 

Cette première, qui a été réalisée par une équipe scientifique maroco-espagnole, s’inscrit dans le cadre d’une étude sur les mammifères dans l’Atlas.

 

 

 

Le loup a été découvert dans la région d’Azilal dans l’Atlas par une équipe scientifique maroco-espagnole en septembre 2012, constituée de Hamid Rguibi, Vincent Urios, Carlos Ramirez et Pancho Purroy. Les pièges photographiques déployés par les scientifiques ont capté des photos du loup africain «Canis lupus lupaster», espèce non décrite sur la liste de la faune sauvage marocaine et qui a été confondue pendant longtemps avec le chacal doré. «Le loup n’a jamais été signalé en Afrique. Il y a confusion entre le chacal doré d’Afrique et le loup qui est d’origine européenne. Mais maintenant, nous avons la preuve que c’est un vrai loup. Cet animal sauvage a été piégé avec des caméras que nous avons installées et qui captent tout ce qui bouge. Des photos obtenues grâce à ces caméras diffèrent du chacal. Nous avons étudié le cliché avec l’équipe espagnole et nous avons conclu que c’est réellement le loup africain», a indiqué Hamid Rguibi, enseignant-chercheur en biologie de la conservation, à la Faculté des sciences de l’Université Chouaib Doukkali d’El-Jadida.

Cette découverte scientifique a été réalisée dans le cadre d’une étude sur les mammifères dans cette région de l’Atlas, initiée depuis 2009, par l’Université d’El-Jadida, l’Université espagnole d’Alicante, le Centre pour la vie sauvage des Émirats arabes unis (Emirates Center for Wildlife Propagation) et le Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Pour le moment, des échantillons de poils du loup ont été envoyés à l’Université espagnole d’Alicante pour effectuer des analyses génétiques qui permettront de connaître ses origines au Maroc.

Après, ce travail, l’équipe scientifique projette de réaliser une cartographie de la répartition du loup dans l’ensemble du territoire. Ce document sera soumis aux gestionnaires qui décideront du statut accordé à cette nouvelle espèce.
Selon la littérature scientifique, l’existence de loups africains est suspectée par un célèbre zoologue espagnol depuis les années 1920. Ce dernier faisait la distinction entre un chacal gris (qui est le chacal doré) et un «grand chacal» que les Européens appelaient «loup». Les habitants amazighs de l’Atlas et du Rif font également la même distinction entre le «ouchan asian» et le «ouchan akhatar».
Les villageois décrivent les caractéristiques des loups qui peuplent la zone de pâturage de leurs troupeaux : pelage noir et argenté «Azizout» en tamazight, individus grands, attaquent en meute, et hurlements dans la nuit.

Selon les enquêtes effectuées sur le terrain, le loup co-existe pacifiquement avec les populations locales, parce qu’il dispose d’une grande richesse de ressources (rongeurs, genettes, etc.) pour se nourrir. Après la découverte du loup africain au Maroc, deux autres découvertes similaires ont été signalées, l’une en Algérie et l’autre au Sénégal. Ces découvertes montrent qu’il existe une population de loups africains. Pour connaître les mystères de l’apparition de cette espèce sauvage au Maroc, l’équipe scientifique va également explorer la région de Dakhla en automne prochain.
Dans le passé, les études sur les mammifères ont été réalisées via la recherche et l’identification des traces ce qui faisait que la probabilité de découvrir davantage d’espèces restait modeste. La méthode de captage par caméra, qui reste opérationnelle 24 h/24 et 7 j/7, donne de nombreux résultats plus fiables via des photos. Cela permet de connaître l’activité et le fonctionnement de la population des espèces. Elle sera plus bénéfique pour des études ultérieures sur d’autres espèces.


 

 

QUESTIONS À : Hamid Rguibi, enseignant-chercheur en biologie de la conservation

«Les cas de prédation sont rares»

Quelle est la portée de la découverte du loup africain au Maroc pour la mammalogie, la science des mammifères ?
L’intérêt de cette nouvelle découverte est double. D’une part, elle accroît notre connaissance de la biodiversité de la faune mammalogique du Maroc, quoique cette découverte ne représente que peu de choses par rapport au nombre élevé d’espèces restant à découvrir. D’autre part, elle est un élément important de la phylogénie du groupe auquel elle appartient.
La phylogénie des espèces correspond à la généalogie des humains très à la mode en ce moment.
La découverte du loup africain au Maroc constitue un indice important pour la compréhension de l’évolution du groupe auquel elle appartient. D’autres études écologiques et génétiques permettront de savoir la provenance de l’espèce.

Le loup africain au Maroc semble pour le moment bien coexister avec les villageois. Comment éviter que cette entente entre l’animal et les populations locales soit rompue ?
Les habitants de la région Aghbala et les environs font toujours référence à l’observation d’individus de loup «Ouchan Akhatar» (grand chacal en Tamazight) seul ou en groupe de cinq individus. C’est dans la région de la ville de Boumia qu’ils sont le plus vus, ce qui coïncide également avec le plus grand nombre de photographies réalisées par notre équipe.
Nos enquêtes auprès des villageois et des bergers indiquent que les loups sont en quelque sorte contrôlés par leurs chiens de garde, certains déclarent, mais très rarement qu’«Ouachan Akhatar» attaque leur bétail, dans la plupart des cas un seul mouton selon un berger.  La perception générale des bergers à l’égard du loup africain et contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas entièrement négative, en effet les cas de prédation ne sont que rares.

Qu’est-ce qui reste de la grande faune prédatrice au Maroc ?
Durant le dernier siècle, huit espèces appartenant à la famille des mammifères ont disparu dont le lion de l’Atlas, la panthère, le guépard, l’oryx (la gazelle) et le cerf. D’autres espèces telles que : l’hyène rayée, la gazelle dama, le mouflon, le chat sauvage, la loutre et le fennec, sont classées comme menacées.
Le phoque moine, vivant principalement dans le bassin méditerranéen et sur la côte atlantique, au nord-ouest de l’Afrique, compte parmi les six espèces de mammifères marins les plus menacés au monde, il n’en resterait plus que 500 aujourd’hui sur la planète.

Notre étude vise à identifier la structure et la dynamique de la population des mammifères au Maroc, à rassembler des données nécessaires pour compléter la liste et les lacunes concernant la faune mammalogique au Maroc. De même, elle est nécessaire pour définir les processus et activités présentant des dangers et menaces sur la conservation des espèces menacées d’extinction.


Le grand chacal à travers l’Histoire

Depuis l’Antiquité, il existe un intérêt porté à la ressemblance entre les loups et les chacals dorés d’Afrique. Aristote fit remarquer que les loups de l’Égypte étaient une variété plus petite que les loups de la Grèce. En 1831, Sykes a déclaré que c’étaient des espèces très étroitement liées. En 1879, Ebers écrit que le loup d’Égypte est une variété plus petite que le loup de l’Europe. Huxley en 1880, a souligné la similitude des crânes du chacal de l’Afrique du Nord et ceux des loups indiens «Canis lupus pallipes».
Cabrera, en 1925, a écrit : «En Afrique du Nord, il y a deux espèces de chacal, le chacal commun ressemblant à ceux asiatiques et le grand chacal connu sous le nom de loup et commun dans la Basse-Egypte». En 2011, une étude menée en Égypte et en Éthiopie, en collaboration avec des biologistes de l’Université d’Oslo, de l’Université d’Oxford et de l’Université d’Addis-Abeba, a constaté sans équivoque la preuve génétique qui place le chacal égyptien dans la famille complexe de l’espèce du loup.

 

Source: Lematin.ma

 

 

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