Bon vent à Elorri et Oihan !
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Oui, bon vent à eux !
Deux petits hérissons, un mâle et une femelle, que nous avions recueillis le mercredi 20 mai dernier sont partis respectivement le 29 juin et le 1er juillet. Nous les avions trouvés dans notre jardin, épuisés, affamés et déshydratés. Ils ne pesaient alors qu’un peu plus de 100 grammes. Ils nous ont quittés en approchant les 700 grammes !
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Nous avons connu de grandes joies en leur compagnie, avons appris énormément sur cet animal extraordinaire que nous avons l’habitude de côtoyer mais que nous connaissons, finalement, très peu. Ils nous ont accompagnés lors de nombreuses pérégrinations et ont connu un succès incroyable. Ils étaient avec nous au festival « Chapitre Nature », en Brenne. Ils nous ont suivis, encore, lors de la sortie « Sur les traces de Robert Hainard », en vallée d’Aspe. C’est d’ailleurs lors de cette belle journée qu’ils ont enfin trouvé un prénom grâce à l’aide judicieuse de personnes présentes ce jour là. Qu’elles en soient remerciées ! Elorri (fleur d’aubépine) et Oihan (forêt) sont deux prénoms d’origine basque. Merci aussi à nos proches qui ont pris le relai et contribué à la réussite de notre sauvetage lorsque nous ne pouvions emmener nos protégés avec nous.
Nous souhaitions également saluer le remarquable travail effectué par le sanctuaire des hérissons (http://www.herisson.eu/). Ces bénévoles passionnés nous ont habilement conseillés, connaissent parfaitement les besoins spécifiques du petit animal et se sont montrés très disponibles. Ils nous ont permis de sauver la vie d’Elorri, intoxiquée par une forte dose de lait en poudre pour petits mammifères (ne jamais donner de lait de vache aux hérissons !) dont la notice était inexacte. Nous leur en sommes extrêmement reconnaissants.
C’est avec un peu de tristesse que nous avons vu nos deux protégés nous quitter pour vivre leur vie sauvage même si nous espérions que cela arrive. L’un des deux était resté remarquablement familier et affectueux à notre égard.
Une précédente fugue du petit bougre nous avait déjà un peu préparé à une séparation définitive. Mais Stéphan était parvenu à le retrouver dès le lendemain de son escapade nocturne. Le petit animal n’était alors visiblement pas aussi prêt qu’il l’escomptait pour le grand saut dans la vie d’adulte : il était manifestement ravi de nous retrouver, poussant des couinements excités, escaladant nos bras et nous suivant en « galopant » ! |
Dorénavant, nous nous consolons en nous remémorant la belle histoire que nous avons vécue, les grands enseignements qu’elle nous a apprise, et parce que tous deux sont partis en excellente santé.
Néanmoins, nous ne pouvons être que préoccupés compte-tenu de la véritable hécatombe chez les hérissons, victimes, en grande partie, des activités humaines. L’agriculture intensive, très mécanisée et utilisant de nombreux intrants chimiques n’est pas sans répercussions sur le hérisson. La route ne lui laisse guère de chance, puisque son seul moyen de défense est de se mettre en boule. Ce qui ne lui est, bien sûr, d’aucun secours face à une automobile. Combien de hérissons croisons-nous chaque année écrasés, en oubliant ce que ce massacre représente au fond, tellement notre regard y est habitué.
Les jardins, très fréquentés par nos petits amis, qui apprécient ses haies, bosquets, tas de feuilles mortes ne sont pas sans danger non plus. Gare aux tondeuses, débroussailleuses et feux ! Nombreux sont les hérissons qui périssent dans nos lopins, car ils construisent fréquemment leurs nids dans ces recoins insoupçonnés. Nous ne saurions, au vu de notre propre expérience, conseiller la plus grande vigilance !
Je ne reviendrai pas sur l’utilité indéniable du hérisson car j’abhorre véritablement cette tendance générale de ne tolérer, voire de n’affectionner, que ce qui nous paraît utile. A mon sens, chaque créature a sa place, son utilité (même si elle nous dépasse) et son droit de vivre au-delà de ce qui nous plaît ou non. Enfin, je constate encore, combien cette aventure vécue ensemble, m’aura montré notre incroyable proximité, nous mammifères, combien les interactions sont riches et profondes entre les espèces. J’ai une nouvelle fois reçu une grande leçon d’humilité quant à ma place ici-bas, n’étant qu’un minuscule maillon au sein d’une grande et vaste chaîne. C’est ainsi qu’il me plaît de me considérer, à ma toute petite et juste place. C’est aussi au cœur de cette belle aventure, que nous nous sommes une nouvelle fois questionnés, outragés du peu de place que nous laissons aux autres créatures, à notre incroyable arrogance qui nous pousse à croire que nous disposons de tous les droits sur ce qui nous entoure. Nous savons tous où cela nous conduit même si nous préférons ne pas y regarder de trop près.
Alors Elorri et Oihan, je vous souhaite d’échapper à tous les écueils qui vous menacent et dont nous portons une grande part de la responsabilité. Bon vent mes chers petits hérissons ! |
S’il vous arrivait de recueillir des hérissons, n’hésitez surtout pas à contacter le Sanctuaire du hérisson dont je rappelle l’adresse :
http://www.herisson.eu/
Et n'hésitez-pas à les soutenir, leur travail est remarquable !